Élection de Donald Trump : une victoire accueillie avec appréhension par les congolais de RDC
L’élection de Donald Trump, pour la deuxième fois à la tête des États-Unis d’Amérique le mardi 05 novembre, a suscité des réactions dans plusieurs pays du monde. C’est à cause de ses positions conservatrices, politiques migratoires et économiques protectrices des intérêts américains, et surtout son manque d’intérêt pour les pays africains affiché durant son premier mandat de 2016 à 2020.
Malgré tout, le candidat du Parti républicain a gagné l’élection face à la démocrate Kamala Harris.
En République démocratique du Congo, cette élection a été suivie de près, et la victoire de Donald Trump a fait réagir certains observateurs congolais. Plusieurs pensent que les américains ont fait le choix de la politique intérieure proposée par le nouveau locataire de la Maison blanche.
La nuit était longue pour tous les congolais qui attendaient l’issue de l’élection présidentielle des États-Unis d’Amérique, qui a opposé le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris. C’est seulement le matin de ce mercredi que tout le monde a été fixé sur la victoire du candidat républicain, devenant ainsi le 47ᵉ président des États-Unis d’Amérique.
Beaucoup de Congolais estiment qu’il s’agit de l’adhésion massive des américains à la politique intérieure de Donald Trump, qui veut privilégier les préoccupations de ses compatriotes par rapport aux problèmes des autres pays.
Christian Moleka, internationaliste et chercheur, le peuple américain a davantage voté pour des politiques intérieurs que des politiques internationalistes.
« On avait pratiquement deux profils, un Trump qui avait mis l’accent sur sa marque de fabrique, sur le retour de l’Amérique. La priorité aux politiques américaines, et donc, aux questions intérieures, alors que Joe Biden, et Kamala qui n’était que son prolongement, ont davantage marqué par leur politique internationale, l’aide à l’Ukraine, l’ouverture vers l’Europe. Et donc, on a ces deux tableaux-là qui sont, d’ailleurs, habituels pour ceux qui suivent la politique américaine entre le courant isolationniste et le courant atlantiste. Et on peut dire que cette fois-ci, c’est toujours après des crises, l’isolationniste a encore gagné vis-à-vis de ceux qui étaient atlantistes.«
L’échec de Kamala Harris, première femme devenue Vice-présidente des États-Unis jusqu’à cette élection de 2024, n’est pas bien digéré par les femmes congolaises. Souzy Mankenda, journaliste à l’Agence congolaise de presse (ACP), est déçue du résultat final. Elle espérait que Kamala Harris puisse gagner cette élection, mais il n’en a pas été le cas.
« On suivait les informations progressivement, nous avons vu que Donald Trump a remporté. On est un peu déçu parce que moi, personnellement, j’aurais souhaité que ce soit une femme, mais bon, c’est Donald Trump. Et là maintenant, il y a inquiétude parce que la loterie et toutes ces choses-là, on ne sait pas si ça va toujours exister. On va quand même observer et voir ce qu’il va faire après. Selon moi, ce n’est pas une bonne politique, mais bon, on fait quoi ? Il est là, il est élu. Donc, essayons de voir, peut-être qu’il va changer, peut-être qu’il va apporter autre chose, essayons de voir, d’observer et de donner la chance« .
Sur le plan international, les États-Unis d’Amérique sont considérés comme premier soutien de l’Ukraine dans la guerre qui l’oppose à la Russie, et un acteur majeur pour la résolution de la crise au Moyen-Orient.
Christian Moleka, internationaliste et chercheur, pense qu’avec la politique de Donald Trump, il y aurait réduction de financement, voire l’arrêt de financement qui pousserait l’Ukraine ou d’autres pays bénéficiaires à accepter des solutions pour la désescalade entre les pays en conflit.
« Le candidat Trump s’était démarqué par le fait qu’il prônait une solution à court terme sur la guerre en Ukraine. Il est très probable qu’avec lui, on ait moins de financement en termes de soutien, et qu’on aille vers une solution négociée avec la Russie. Et donc, ça peut rassurer sur la baisse de l’escalade, notamment, dans la région de l’Ukraine ou éventuellement, avec moins de tension au niveau israélien, même si, lui aussi, il affirmait qu’il est pro israélien, mais peut-être, sa façon d’aborder les choses sera différente que Kamala Harris. Ensuite, c’est un climatosceptique, donc, il ne va pas évoluer dans le sens de l’industrie électrique, il veut refaire du pétrole en Alaska. Donc, probablement, on verra les questions climatiques être à nouveau mises en mal « .
De son côté, le professeur Martin Ziakwau, Docteur en relations internationales, n’est pas optimiste concernant le changement de la politique intérieure de Trump. Il pense qu’elle sera appliquée sans problème, et cela risquerait d’avoir un impact sur le partenariat entre les États-Unis et l’Afrique en général, et la RDC en particulier durant ce mandat du locataire de la Maison blanche.
« L’Afrique, en tant que continent, et particulièrement la RDC, se trouvent plutôt dans la périphérie de la géopolitique internationale. Vous constaterez que lorsqu’il était à la Maison-Blanche, il n’avait pas accordé assez d’intérêt à l’Afrique, il n’avait jamais reçu notre président de la République. Et pourtant, nous avons conclu, en avril 2019, un partenariat stratégique avec les États-Unis d’Amérique, représenté à l’époque par le secrétaire d’État, plus ou moins l’équivalent du Ministre des Affaires étrangères. Donc, la question n’était pas portée au plus haut niveau par le Président américain. Et lorsqu’on suit ses discours d’avant campagne et de campagne, la ligne de la politique extérieure n’a pas changé en ce qui concerne la politique isolationniste« .
Le professeur Martin Ziakwau a émis aussi des inquiétudes concernant la révision de la loi qui vise à lutter contre l’exploitation illégale des minerais provenant la RDC.
« Moi, je suis un peu préoccupé parce qu’une des principales motivations, un des principaux objectifs des politiques extérieures de la RDC, c’est la pacification de l’Est du pays, la stabilisation de l’est du pays et l’attraction des investisseurs dans le cadre de la diplomatie économique. Mais sur ce point, il faut noter que le Président, le candidat d’hier Donald Trump, a notamment promis la révision de la loi Dodd Franck votée en 2010 à l’initiative du président Barack Obama avec entre autres enjeux de lutter contre les financements de la reproduction des violences armées dans l’Est du pays, dans la région de Grand lacs, du fait du pillage et du commerce illicite des ressources naturelles de la RDC« .
C’est pour la deuxième fois en moins de 10 ans que Donald Trump est encore élu comme Président après son premier mandat de 2016 à 2020. Il est actuellement le 47ᵉ président élu des États-Unis d’Amérique. Ce pays est considéré comme première puissance mondiale, et pour ce mandat, le monde attend avec impatience pour voir comment Donald Trump va diriger ce grand pays face aux défis environnementaux, économiques et les conflits armés dans plusieurs régions du monde.