Lubumbashi : Pollution environnementale de CDM, un cycle toxique d’impunité.

Lubumbashi : Pollution environnementale de CDM, un cycle toxique d’impunité.
Écoulement d'eau acidifiée depuis les installations de CDM

Après la fuite d’eaux acides survenue dans le quartier Kassapa, à Lubumbashi, la colère monte au sein de la société civile. Plusieurs voix dénoncent la négligence environnementale de l’entreprise minière Congo Dongfang Mining (CDM), mise en cause dans cette pollution. Joint par téléphone, Omer Kabasele, expert en questions environnementales, tire la sonnette d’alarme et réclame des mesures immédiates et exemplaires.

« Ce n’est pas la première fois que CDM pollue l’environnement »

« Nous avons été informés de la situation de CDM, et nous pensons que ce n’est pas la première fois qu’un tel incident se produit. Cette entreprise a déjà connu plusieurs épisodes de déversement de déchets liquides dans l’environnement et à proximité des populations », affirme Omer Kabasele, visiblement indigné.

L’expert rappelle que la Constitution de la République démocratique du Congo garantit à chaque citoyen le droit de vivre dans un environnement sain.

« Lorsqu’une entreprise bafoue ce droit et viole toutes les normes de gestion durable dans un milieu habité, c’est une faute grave. »

Appel à la fermeture temporaire et à la réévaluation environnementale

Pour Omer Kabasele, la situation actuelle exige une réaction immédiate des autorités.

« Quand il y a suspicion ou preuve d’une mauvaise gestion environnementale, les principes du développement durable exigent la fermeture temporaire de l’entreprise », insiste-t-il.

Selon lui, cette suspension doit permettre de :

  • Revoir les études d’impact environnemental et social initiales ;
  • Analyser la nature exacte des eaux déversées ;
  • Mesurer les effets sur le sol, la végétation et la santé humaine.

« Une fois ces études terminées, les conclusions pourront conduire soit à renforcer la sécurité du site, soit à fermer définitivement ou à délocaliser l’entreprise », explique l’expert.

Les eaux acides, une menace pour la vie du sol

Omer Kabasele souligne la dangerosité particulière des eaux issues de l’hydrométallurgie, un procédé courant dans les exploitations minières dans l’espace Katanga.

« Ces eaux contiennent de l’acide sulfurique, ce qui les rend fortement corrosives. Une fois déversées dans la nature, elles acidifient le sol, détruisent la végétation et appauvrissent la biodiversité. »

L’expert détaille les effets en cascade :

  • Acidification du sol : modification du pH, perte de fertilité.
  • Destruction des micro-organismes essentiels à la vie du sol, comme les vers de terre.
  • Mortalité des plantes et baisse du rendement agricole.
  • Risques sanitaires pour les habitants exposés (irritations, brûlures, intoxications).

« Quand l’acide traverse la terre, il tue les vers de terre, détruit la biomasse et bloque le cycle de décomposition végétale. Résultat : le sol meurt lentement. »

Un cycle de pollution devenu « normal »

Ce qui inquiète le plus Omer Kabasele, c’est la banalisation de ces incidents.

« On va attendre que la pluie vienne pour rincer le sol et même pendant la saison de pluie, nous savons que ces bassins, volontairement ou involontairement, on les laisse pratiquement se vider en libérant ces eaux pendant les fortes pluies. Donc c’est un cycle et nous pensons en tant que société civile que c’est un cycle qu’il faut arrêter. Il faut arrêter ce cycle parce que ce n’est pas comme ça que les choses doivent avancer. »

Un appel à la transparence et à l’intégrité

Enfin, l’expert exprime son espoir de voir les enquêtes en cours menées avec rigueur et sans ingérence car pour Omer Kabasele, la priorité est claire : protéger la population et l’environnement, avant toute considération économique.:

« Nous croyons aux compétences des services en charge et souhaitons qu’ils exercent à l’abri de toute corruption ou influence, pour garantir une action efficace, durable et bénéfique à l’environnement comme à la population. »

Pour rappel, Une étude menée par l’ONG AFREWATCH en février 2022 révélait déjà une forte contamination du sol et de l’eau dans les quartiers Kamatete, Kamisepe et Kassapa (commune annexe) par des métaux lourds tels que le cuivre, le plomb, le mercure et le nickel, à des niveaux largement supérieurs aux normes de l’OMS. Ces pollutions seraient liées aux activités minières de l’entreprise Congo Dongfang Mining (CDM).

Selon le rapport, la concentration de plomb, cuivre, mercure et nickel dépasse de plusieurs dizaines de fois les seuils tolérés, exposant gravement la population locale.

Mapenziyake

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