Accord UE – Rwanda : la RDC demande des explications à l’union européenne
La République Démocratique du Congo, n’a pas tardé à réagir, à travers le ministère des Affaires Étrangères et de la Francophonie, sur le protocole d’entente signé entre le Rwanda et l’Union européenne sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques et stratégiques.
Une attitude de l’union européenne jugée inamicale par Kinshasa, car il va favoriser la pérennisation du piage des minerais de l’Est de la république démocratique du Congo, indique en substance le communiqué du patron de la diplomatie congolaise.
« Tout en reconnaissant la souveraineté des parties signataires, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo dénonce ce protocole qui, à l’évidence, encourage le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda et contredit les engagements de l’Union Européenne, notamment au point 26 du Communiqué conjoint de la 2ᵉ session du Dialogue politique RDC-UE tenue à Kinshasa les 5 et 6 octobre 2020« .
Le communiqué poursuit :
« Ces engagements incluent notamment celui de « tirer profit de la mise en œuvre du règlement européen sur les minerais de conflit (3T et or) et les autres dispositions pertinentes, dont celles mentionnées par le Dodd-Frank Act, pour renforcer la lutte contre l’exploitation illégale des minerais originaires de la RDC« .
Et renchérie en disant :
« Le Gouvernement congolais considère, par conséquent, la signature du Protocole en cause, intervenue, du reste, peu de temps après la déclaration à Kigali du Chef de l’État de la Pologne, pays membre de l’UE, de fournir au Rwanda des armes en cas d’attaque extérieure, comme un acte très inamical qui n’est pas de nature à favoriser la confiance mutuelle entre la RDC et l’Union Européenne« , a écrit Christophe Lutundula, Vice premier ministre, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie, dans un communiqué rendu public le mercredi 21 février 2024.
Et de poursuivre :
« Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo attend des autorités de l’Union Européenne une clarification de ce comportement ambigu alors qu’elles ne cessent d’affirmer leur volonté de contribuer à la fin de la crise sécuritaire à l’Est du Congo ainsi que de l’exploitation illicite de ses richesses naturelles, et de renforcer la coopération de l’Union avec elle.«
Ledit protocole d’entente vise à favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques entre l’Union Européenne et le Rwanda. Pour le gouvernement de la République Démocratique du Congo, le sous-sol rwandais ne regorge pas de minerai critiques et stratégiques recherchés actuellement dans le monde (coltan, cobalt, lithium, niobium…).
« Les enquêtes du Parlement congolais, des groupes d’experts de l’ONU et des organisations non gouvernementales nationales et internationales ont établi qu’à travers de multiples réseaux mafieux et des sociétés-écrans montées par ses dirigeants, le Rwanda tire ces minerais et autres matières premières stratégiques de la République Démocratique du Congo qui en regorge en abondance », a fait remarquer le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula.
Avant de poursuivre :
« Dès lors, s’arranger avec le Rwanda pour développer « les chaînes de valeur durable pour les matières premières critiques et stratégiques » qu’il ne possède pas, ne peut avoir pour conséquence que d’accentuer l’exploitation illicite des richesses naturelles du Congo par le Rwanda, dont la prospérité est fondée sur cette activité criminelle et de lui donner davantage les moyens d’agresser la République Démocratique du Congo. »
Pour rappel, l’ambassadeur de l’union européenne a également été convoqué au ministère congolais des Affaires étrangères. Une occasion pour Christoph Lutundula d’exprimer de vive voix la désapprobation de la RDC face à cet accord entre UE et le Rwanda sur des minerais que le sous-sol Rwandais ne regorge pas.